Les origines

La lâcheté, la fourberie et la trahison de nos frères et sœurs nous laissa un goût amer en bouche. Ceux auprès de qui nous avions levés nos haches lors de tant de batailles étaient aujourd’hui des ennemis.
Ce chef que nous respections a cédé à la faiblesse et à la peur, préférant nous éloigner de notre famille par crainte de nous voir un jour, nous, ses meilleurs guerriers revendiquer sa place.
Les plus faibles que nous protégions par le couvert de nos boucliers ont fait le choix de nous renier, de se soumettre.
Voilà maintenant plusieurs jours que nous marchions en petit nombre, en exilés, vivant de maigres chasses, la rancœur et la haine nous arrachant toutes les nuits au sommeil dont nous avions tant besoin.
Mais qu’importe ! Notre honneur lui était sauf, notre volonté inflexible et notre hargne n’avait d’égale que notre rage qui bouillait jour et nuit en nous, dans nos veines, dans notre SANG !
J’observais ces guerriers qui avaient fait le choix de me suivre. Regroupés autour d’un feu discret, amaigris et pourtant animés par cette même colère brûlante dans le regard qui ne les rendait pas moins menaçants et intimidants qu’un orc au plus fort de sa forme. Aucun d’entre eux n’avait décidé de partir, de suivre son propre destin et ce bien que nul serment ne les liât à moi. « Non, ils ne le peuvent pas, ils ne le veulent pas. » me dis-je alors que mes babines se retroussaient pour dévoiler mes crocs acérés.
« Nous resterons à jamais liés, par cette rage qui ne quittera jamais notre sang. »
- Rage-Noire ! Une tempête approche depuis le Nord !
Un grognement sourd s’échappa de ma gorge tandis que mon regard se porta vers le Nord. On ne distinguait plus les hauts pics rocheux qui s’étendaient un peu partout sur la vallée enneigée, le voile blanc de la tempête s’approchait et réduisait de plus en plus mon champ de vision sur le paysage qu’elle commençait à couvrir.
- Préviens les autres ! Nous partons à l’Est ! MAINTENANT !
Le guerrier frappa de son poing sur son torse à la suite de mes paroles avant de se diriger d’un pas rapide vers le reste de la troupe. Et avant de les rejoindre, mon regard se dirigea une dernière fois vers le Sud, de là où nous venions, de là où nous avions été contraints à l’exil. Un sentiment de haine m’envahit, à un tel point que je ne sentais même plus le vent glacé de cette contrée sauvage dévorer ma chair.
« Nous reviendrons pour vous et ce jour, je veillerai à ce que même les esprits aient oubliés jusqu’à votre pitoyable existence. »